Pierre Corneille1606 - 1684
Pierre Corneille naquit à Rouen le 6 juin 1606. Son
père, Pierre Corneille, était avocat du Roi à la table de marbre
de Normandie et maître particulier des eaux et forêts du Vicomté de Rouen. Sa
mère, Marthe Le Pesant de Bois-Guilbert était également de noble
famille. Ils eurent sept enfants et Pierre Corneille en était l'aîné,
le cadet ayant vingt-trois ans de moins que lui. Dans la famille Corneille,
trois devinrent auteurs célèbres, Pierre Corneille, Thomas Corneille,
un de ses petits frères qui composa la pièce à grand succès " La
Devineresse " et leur neveu, le célèbreFontenelle, fils de l'une de
leurs petites soeurs, Marthe, Madame de Fontenelle.
Pierre Corneille fut élevé chez les Jésuites de Rouen,
et devint avocat, non par vocation mais surtout pour ne pas déplaire à son
père. Il prêta serment le 18 juin 1624 au Parlement de Rouen.
Corneille fut secrètement amoureux d'une grande dame de
Rouen, appelé Madame du Pont, épouse d'un des maîtres des comptes de la
ville. Ils se connaissaient depuis l'enfance, et sa passion pour elle, lui fit
écrire ses premiers vers et sa première pièce, " Mélite ", décrivant
ainsi son premier et grand amour. D'après Fontenelle, son neveu, Mélite aurait
été une jeune dame de Rouen, maîtresse d'un ami de Corneille, qui en était
secrètement amoureux lui-même, et qui devint le nouvel amant de cette jeune
dame au détriment de son ami. Mais d'après de nombreux biographes de Pierre
Corneille, la première version serait la plus juste et les vers de "
Mélite " y correspondraient le mieux également. Une chose est sûre, Corneille développa
à ce moment-là sa passion pour la poésie et commença à délaisser le droit.
En 1628, il obtient les charges d'avocat du Roi aux
sièges généraux de l'Amirauté et des eaux et forêts de la Normandie.
En 1629, Corneille remit sa première pièce, la
comédie " Mélite " à Mondory et sa troupe de
comédiens de Rouen. Adorant la pièce, ils se rendirent avec à Paris pour une
première représentation. Ce fut un succès et la cour commença à faire les
éloges de Corneille.
En 1632, il fit imprimer sa deuxième pièce, la tragi-comédie "
Clitandre " juste après les premières représentations de celle-ci.
En 1633, il fit imprimer sa première pièce, "
Mélite ou les fausses lettres ". Sa troisième pièce, la comédie, "
La Veuve, ou le Traître " fut représentée également et obtint un
franc succès, assurant ainsi à Corneille sa notoriété.
En 1634, l'archevêque de Rouen, M. de Harlay, demanda à Pierre
Corneille de composer un poème élogieux en l'honneur du Roi Louis
XIII et du Cardinal de Richelieu, de passage à Rouen. En cette même
année, Corneille fit imprimer " La Veuve, ou le Traître
" et deux nouvelles comédies furent représentées " La Galerie
du Palais, ou l'Amie Rivale " et " La Suivante ".
En 1635, première représentation de sa nouvelle pièce, la
comédie " La Place Royale ", qui fut très bien reçu. Pierre
Corneille aimait donner comme titres, les noms des endroits les plus
fréquentés de l'époque, ce qui plaisait bien au public.
En cette même année 1635, le Cardinal de Richelieu ayant
apprécié les louanges de Corneille, demanda a celui-ci de se joindre à ses
quatre auteurs, M. Boisrobert (abbé de Châtillon-sur-Seine,
l'aumônier du Roi et Conseiller d'État), M. Collelet, M. de L'Estoile (fils
du grand audiencier qui écrivit ses mémoires) et M. Rotrou, pour
composer les pièces qu'il demandait, car Richelieu était un passionné
de théâtre. Ce fut appelé " Les Pièces des Cinq Auteurs ". Pierre
Corneille, étant dans le besoin financièrement, accepta vivement l'offre du Cardinal.
Le Cardinal de Richelieucommanda les pièces et les fit représenter devant
le Roi, Louis XIII et la cour. Une des plus grande pièce fut la
comédie " Thuileries ", et sa première représentation fut
le 4 mars 1635 devant la Reine Anne d'Autriche à l'Arsenal. Ce fut
sur la pièce " Thuileries " que Corneille eut
l'audace de changer le troisième acte, ce qui déplut à Richelieu qui
lui fit rappeler qu'il lui devait soumission. Corneille déçu de cette
remarque et étant moins payé que les autres auteurs, démissionna en prétextant
son devoir de famille à Rouen. Dans le courant de la même année, la
représentation de sa nouvelle tragédie " Médée " fut
accueillie assez froidement.
En 1636, eut lieu la première représentation de la tragédie "
L'Illusion ". Il faillit abandonner sa vocation de poète mais une
nouvelle rencontre sur Rouen, M. de Chalon, l'ancien secrétaire des
commandements de la Reine-mère, Marie de Médicis, l'en dissuada. M.
de Chalon lui souffla l'idée de s'inspirer du théâtre espagnol en
traduisant des oeuvres de Guillen de Castro. C'est ainsi qu'il composa sa
plus grande oeuvre " Le Cid ". Sa nouvelle tragédie reçut
de nombreuses éloges et les félicitations du Roi et de la Reine.
La Reine Anne d'Autriche en fut si touchée qu'elle demanda à Richelieu d'anoblir
le père de Pierre Corneille, ce qui fut fait en janvier 1637.
Sa pièce " Le Cid " fut représentée trois fois au Louvre. Le Cardinal de Richelieu, ne voulant pas désapprouver le Roi, demanda qu'elle soit jouée par deux fois en son hôtel particulier, mais jaloux de ce succès, qui faisait de l'ombre à ses propres oeuvres écrites par ses " quatre auteurs " restants, s'allia avec " un ami " de Corneille, Scudéry, devenu jaloux également, pour calomnier et attaquer Corneille. Bientôt, d'autres amis de Corneille, Mairet et Claveret, se joignirent à Richelieu et Scudéry.
En 1637, Pierre Corneille décida de répondre à ces
détracteurs par l'intermédiaire d'une nouvelle pièce " l'Excuse à
Ariste ", montrant ainsi son mépris pour la jalousie et les
intrigants. Mais le succès du " Cid " continuant toujours
et devenant de plus en populaire, fit augmenter la volonté de ces anciens amis
à assombrir sa belle réputation. La nouvelle " guerre " entre
auteurs persistait et commençait à prendre une telle ampleur, que le Cardinal décida
d'y mettre un terme en demandant à un de ses auteurs, Boisrobert, d'écrire
à Mairet, le 5 octobre 1637, pour lui insuffler de cesser injures et calomnies.
Mais ce fut l'Académie qui y mit un véritable terme en 1638. Pourtant, dans le
courant de l'année 1637, Richelieu et Scudéry avaient
essayé de forcer l'Académie à condamner le " Cid " et Corneille,
mais celle-ci, reconnaissant la richesse du texte et les talents de l'auteur,
fit de bonnes critiques à la pièce et maintint ainsi la bonne réputation de Corneille.
Le 12 janvier 1639, Corneille revient sur Paris.
Pendant la " guerre " des auteurs, Corneille avait
décidé de partir à Rouen. Le 12 février 1639, le père de Corneille, Pierre
Corneille, mourut à Rouen. Corneille en fut profondément touché et
devint le nouveau chef de famille, soutenant ainsi sa mère et ses frères et
soeurs.
En 1640, Pierre Corneille tomba passionnément
amoureux d'une jeune fille, nommée Marie, fille de Mathieu de
Lamperière, Lieutenant Général des Andelys, en Normandie. Pensant qu'il ne
pourrait jamais l'épouser, il commença à se morfondre. Le Cardinal de
Richelieu le voyant ainsi, lui demanda ce qu'il le tourmentait autant.
Étrange retournement de Richelieu qui ordonna à Mathieu de
Lamperière de se présenter à Paris. La demande en mariage fut acceptée et
célébrée la même année. Mathieu de Lamperière avait une seconde
fille, Marguerite, et le frère dePierre Corneille, Thomas Corneille,
en tomba passionnément amoureux et le père de celle-ci du accepter une deuxième
demande en mariage.
Dans la même année 1640, la tragédie " d'Horace
" fut pour la première fois représentée, imprimée et dédiée àRichelieu.
Cette nouvelle tragédie fut très bien accueillie mais quelques critiques
commencèrent à revenir. Toujours dans cette même année, lui succéda une
deuxième pièce " Cinna "
qui devint un nouveau grand succès, unanime cette fois-ci. Une troisième pièce,
" Polyeucte ",
écrite sous le joug de l'amour qu'il venait de connaître, fut également
interprétée. Mais cette dernière pièce fut quelque peu controversée, et Corneille voulut
arrêter les représentations, mais celles-ci ayant un succès grandissant, ne pu
s'y résoudre.
Pierre Corneille et son épouse, Marie de Lamperière,
partirent pour Rouen pour y passer leurs nuits de noces et leur vie. Ils
vécurent dans la maison familiale de Pierre Corneille ayant comme
voisin mitoyen, le jeune couple, Thomas, son frère, et son épouse Marguerite
de Lamperière. Les deux frères devinrent de plus en plus liés suite à leur
mariage avec les deux soeurs. De son mariage, Pierre Corneille eut
six enfants, deux filles et quatre garçons dont deux garçons mouront
prématurément.
En 1641, il composa une nouvelle tragédie " La Mort
de Pompée ", puis deux nouvelles comédies, " l'Illusion
Comique "et " Le Menteur " qui furent toutes de grands
succès.
En 1643, naquit Pierre, premier fils des époux Corneille et
impression des tragédies " Cinna ", " La Mort de Pompée
"et " Le Menteur ".
En 1644, l'entrée de Pierre Corneille fut refusée à
l'Académie, sous prétexte qu'il vivait à Rouen et qu'il ne pouvait assister aux
assemblées, ce fut donc M. de Salomon qui y fut reçu à sa place.
En 1646, il fit publier " Théodore ".
Le 22 janvier 1647, Pierre Corneille reçut sa place
à l'Académie, sa candidature fut admise suite à l'annonce deCorneille, qu'il
passerait une partie de l'année sur Paris. Cette même année, il fit la première
représentation et la publication de sa tragédie " Héraclius " et
l'impression de " Rodogune ".
En 1650, Pierre Corneille fit représenter ses trois
nouvelles pièces, " Andromède ", qui fut un grand succès,
la tragi-comédie " Don Sanche d'Aragon ", qui fut un petit
succès éphémère, et la tragédie " Nicomède ". Dans le
courant de la même année, Corneille décida de vendre ses charges de
magistrature.
En 1651, Corneille essuya un échec suite à la
représentation de " Pertharite ", et son humeur
mélancolique et brusque le fit se décourager et penser qu'il était trop âgé
pour le théâtre et voulant l'abandonner, il se tourna donc vers la religion.
Ainsi, les jésuites lui demandèrent de traduire " l'Imitation de
Jésus-Christ ". Une autre version indiquerait que le Chancelier
Séguier, indigné par la pièce de Corneille, " L'Occasion perdue
et recouvrée ", pièce qui fit scandale, lui aurait demandé de se
confesser au Révérend Père du couvent de Nazareth dont le Chancelier
Séguier était fondateur. Le Révérend ayant absous Corneille,
lui aurait donné comme pénitence de traduire " L'Imitation de
Jésus-Christ ".Courant de l'année 1651, Pierre Corneille fit
publier sa traduction des vingt premiers chapitres de " l'Imitation
de Jésus-Christ ". Cette première partie ayant un tel succès, fut
réimprimée trente-deux fois et incita Corneille à continuer. Sa pièce "
Andromède " fut également imprimée au cours de cette même année.
En 1652, il fit paraître la seconde partie de sa traduction
de " l'Imitation de Jésus-Christ " à la demande de la Reine
Mère, Anne d'Autriche, admirative de la première partie.
En 1653, il fit paraître la troisième partie, suite à une
grave maladie qui failli l'emporter.
En 1654, parut la quatrième partie.
En 1656, parut la cinquième et dernière partie de sa
traduction de " L'Imitation de Jésus-Christ ".
En 1658, la mère de Corneille, Marthe Le Pesant de
Bois-Guilbert, mourut à Rouen. En cette même année, Pierre Corneille composa
des stances " Marquise ", dédiés à la Marquise du Parc,
qui refusa ses avances. Il nommait de temps à autre ses stances "
Iris" au lieu de " Marquise ".
Le 24 janvier 1659, Pierre Corneille célébra la
première représentation de sa nouvelle tragédie " Oedipe ", au
Théâtre de l'Hôtel de
Bourgogne, celle-ci fut un nouveau grand succès.
En 1660, Corneille s'allia avec le Marquis de
Sourdéac pour composer une tragédie " La Toison d'Or " en
célébration du mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche.
Le Marquis de Sourdéac organisa une somptueuse fête en son château de
Neubourg en Normandie et la tragédie y fut interprétée par les Comédiens du Marais.
Le 25 février 1662, première représentation de la nouvelle
pièce de Corneille, " Sertorius ", interprétée par lesComédiens du Marais. Elle
fut imprimée la même année et ayant un tel succès que la Troupe de Molière l'interpréta
également, à partir du 23 juin 1662.
Pierre Corneille, suite aux grands succès de ses dernières
pièces, et ayant de plus en plus de responsabilités sur Paris, décida dans le
courant de l'année 1662, de rester dans la capitale et de faire venir son frère Thomas auprès
de lui. À la fin de cette année, Thomas arriva donc à Paris.
En janvier 1663, Corneille fit représenter sa
nouvelle tragédie " Sophonisbe " par la troupe royale.
En juillet 1664, la tragédie " Othon " fut
représentée pour la première fois devant la cour de Fontainebleau.
En 1665, Pierre Corneille fit imprimer "
Les Louanges de la Sainte Vierge ".
En 1666, la tragédie " Agésilas " représentée
à l'Hôtel de
Bourgogne, fut reçue assez froidement par le public.
En 1667, Charles Corneille, le troisième fils de Pierre
Corneille, page de la Duchesse de Nemours et Lieutenant de
Cavalerie, mourut à l'âge de quatorze ans, au siège de Grave. Cette mort
brutale mit Pierre Corneille et sa femme, Marie, dans une
profonde tristesse. Au mois de juillet de la même année, les époux Corneille virent
leur fils aîné, Pierre Corneille, Sieur de Danville, Capitaine de
Cavalerie, alors âgé de vingt-quatre ans, blessé et rentrer en brancard à
Paris, suite au siège de Douai.
Le 4 mars 1667, fut représentée par la Troupe de Molière, la
nouvelle tragédie " Attila " de Corneille, celle-ci
fut assez bien accueillie.
En 1670, la Princesse Henriette d'Angleterre, épouse de Philippe
d'Orléans, frère de Louis XIV,
demanda aux deux auteurs, Jean Racine et Pierre
Corneille, d'écrire séparément des vers sur les amours de Bérénice. LaPrincesse
Henriette d'Angleterre choisit et préféra la célèbre tragédie, "
Bérénice " composée par Jean Racine, à celle de
Corneille " Tite et Bérénice ". Molière décida
d'interpréter le 28 novembre, " Tite et Bérénice ", de son
grand ami Corneille, malgré les éloges et le grand succès pour la "
Bérénice " de Jean Racine. Le succès et la notoriété montante de Jean Racine, commencèrent
à faire de l'ombre à Corneille. À la fin de cette même année, Molière ayant
reçu la responsabilité des fêtes du carnaval de 1671, eut l'idée d'écrire une
pièce sur Psyché et l'Amour, pour cela il demanda à son ami Pierre
Corneille de collaborer avec lui, Quinault se joignant également
à eux.
En janvier 1671, la cour découvrit une nouvelle tragédie "
Psyché " au théâtre des Tuileries. La pièce y fut reçut avec succès.
En 1672, Corneille composa une comédie "
Pulchérie ".
En fin d'année 1674, fut représentée la pièce "
Suréna ", qui reçut un accueil mitigé.
En avril 1680, le quatrième et dernier fils de Pierre
Corneille, Thomas Corneille, rentré précédemment dans les ordres, fut
pourvu de l'Abbaye d'Aiguevive en Touraine.
Des deux filles du couple Corneille, Marie, l'aînée
des six enfants, épousa en premières noces, le Sieur de Guénébault et,
devenue veuve, elle épousa en secondes noces, Jacques de Farcy. La
deuxième fille de Pierre Corneille, Marguerite, devint religieuse
sous le nom de Soeur de la Trinité dans l'ordre des Dominicains, au
couvent du faubourg Cauchoise de Rouen. Le fils aîné, Charles Corneille,
capitaine de cavalerie, devint gentilhomme de la maison du Roi et
épousa Marie Cochois, fille d'un marchand de Paris.
Vers la fin de sa vie, Pierre Corneille malgré la
gloire grandissante, vécut pauvrement. Il vécut de la pension Royal qu'il
obtint de Louis XIV.
Durant sa vie, il vécut sur les ventes de ses tragédies et quelques minces
rentes qui furent vite utilisées pour l'éducation de ses enfants. La vieillesse
se faisant sentir, Corneille commença à faiblir, sentant la mort
approcher, il brûla quelques papiers personnels et vendit sa maison de Rouen,
le 10 novembre 1683. Boileau, qui fut un illustre critique opposant de Corneille,
voyant la pauvreté dans laquelle Corneille vivait, fut profondément
touché et demanda au Roi, Louis
XIV, de réparer cette injustice en versant sa propre pension à Corneille. Louis XIVfit remettre à Pierre
Corneille, par l'intermédiaire de La Chapelle, parent de Boileau, la
somme de 200 Louis.
Pierre Corneille, entouré de sa famille, mourut dans la nuit
du 30 septembre au 1er Octobre 1684, dans sa maison, rue d'Argenteuil à Paris
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