Jules Mazarin
1602 - 1661
Jules Mazarin (Giulio Mazarini) naquit le 14 juillet 1602 à
Pescina, en Italie. Son père était au service du Prince Colonna. On ne
sait que très peu de choses sur les origines des Mazarin. Certains indices
laissent supposer qu'ils possédaient des terres constituant un petit domaine en
Sicile, peut-être dans la vallée de Mazzaro, d'où fut peut-être tiré leur nom
de Mazarini, francisé par la suite en Mazarin.
La République de Venise puis la République de Gênes ont inscrit le cardinal
dans les livres d'or de leur noblesse mais il semblerait que la famille Mazarini n'était
pas d'extraction aussi ancienne que le prétendait Mazarin, qui, devenu
cardinal et l'un des plus brillants hommes d'État du XVIIème siècle,
chargea plusieurs généalogistes de lui trouver des ancêtres prestigieux.
Très jeune, Mazarin se fit remarquer par sa vive intelligence,
son excellente mémoire et sut très vite user de son charme personnel dont il
connaissait la puissance. Il fit de brillantes études et fut reçu docteur en
droit canon et docteur en droit romain.
Sa famille, appartenant à une petite gentilhommerie, Mazarin ne
pouvait prétendre à une grande charge réservée à la haute noblesse et, seule
l'Église pouvait donc lui apporter de vraies possibilités d'ascension sociale.
Pourtant, il refusa de devenir prêtre, de s'insérer dans un ordre car il aimait
trop la vie, le luxe, les plaisirs. Confiant en sa bonne étoile, il avait la
certitude qu'un destin exceptionnel lui était réservé.
Mazarin avait des talents de comédien et garda toute sa vie le goût du
théâtre à l'italienne.
En 1626, capitaine dans l'armée pontificale, il sut gagner habilement la
confiance de ses chefs, sachant parfaitement s'exprimer, parler et écrire avec
facilité et connaissait trois langues dont le français ainsi que le castillan,
appris lors d'un séjour en Espagne et qui lui servit pour gagner la sympathie
de la Reine Anne d'Autriche. Il avait une bonne éducation mondaine, savait
écouter, observer et rédiger des comptes rendus le mettant en valeur, puis il
commença à révéler ses talents de diplomate qui lui ont permis de devenir ce
brillant homme d'État.
Après cette expérience militaire, Mazarin devint le secrétaire,
avec le grade et l'uniforme de capitaine, du nonce apostolique Sacchetti,
à Milan. Puis servi par une chance extraordinaire, il devint capitaine-nonce
intérimaire en remplacement de Sacchetti nommé par le Pape
Urbain VIII pour diriger la banque pontificale. Possédant une solide
santé, soutenu par son ambition démesurée et déployant une activité incroyable,
il va enfin pouvoir donner toute sa mesure et ainsi asseoir sa réputation de
diplomate.
En 1630, envoyé à Lyon par le pape, il propose une trêve France /
Espagne à Richelieu.
En 1631, il contribua à la paix de Cherasco.
Mazarin prit parti pour la France et rendit plusieurs services
officieux à Richelieu qui l'avait pris en grande sympathie.
En mai 1632, le pape Urbain VIII lui octroya un canonicat à
Saint-Jean-De-Latran. C'était une grande faveur sans compter les nombreux
avantages, mais Mazarin fut déçu de devoir quitter Paris pour
retourner à Rome où il devait participer aux offices et surtout porter la
tonsure et la soutane. Mais en novembre 1632, après une nouvelle mission à
Paris dont l'avait chargé Urbain VIII, Mazarin, devenu clerc, s'y
résigna. Satisfait, le pape l'éleva aussitôt au rang de pronotaire
apostolique, soit évêque, ce qui lui conférait le titre de " Monsignore
" et le droit de porter l'habit violet.
En 1633, Urbain VIII lui donna la qualité de Référendaire,
l'agrégeant ainsi à ses familiers, privilège envié et largement rétribué. Il
fut rattaché à la maison du neveu du pape, le cardinal Antoine, légat
d'Avignon, qui n'avait nullement l'intention d'abandonner la joyeuse vie qu'il
menait en son palais, à Rome, pour s'installer dans cette légation. Mazarin fut
donc nommé vice-légat d'Avignon pour le suppléer et nullement pressé d'y
résider, préféra assumer les fonctions d'intendant du palais Barberini et
participer aussi à cette joyeuse vie.
De 1634 à 1636, nouvelle mission à Paris comme nonce à la cour de France où
il fut accueilli à bras ouverts par le Roi, la Reine, les ministres,
surtout Richelieu, et toute la haute société.
Après l'échec de sa mission et malgré le soutien du Roi et de
celui du Cardinal, il dut, sur ordre du pape, quitter Paris pour sa
vice-légation d'Avignon.
De retour à Rome, sa nomination comme cardinal en France fut
retardée à cause de certaines intrigues (1638).
Il se fit naturaliser (1639) et pu ainsi se mettre au service du Roi
Louis XIII et de Richelieu.
En 1640-1641, Mazarin fut enfin nommé Cardinal de la
couronne de France grâce au soutien de Richelieu, devenu son
protecteur et ami.
Le 4 décembre 1642, décès du Cardinal De Richelieu.
Le 5 décembre 1642, Mazarin fut nommé Principal Ministre de
l'État, soit Premier Ministre comme l'avait recommandé Richelieu mourrant
qui voyait en lui son digne successeur.
À partir de 1643, Mazarin gouverna la France durant la régence d'Anne
d'Autriche et resta premier ministre jusqu'à sa mort, et ce, malgré de
fortes oppositions.
À la mort de Louis XIII, à peine au pouvoir, il dut affronter
l'hostilité des Grands dans l'affaire de la Cabale des Importants (1643) où
un complot pour l'assassiner fut déjoué.
Mazarin dominait entièrement Anne D'Autriche que ses
fonctions de régente dépassaient surtout dans cette conjoncture si délicate.
Malgré les succès militaires et diplomatiques mettant enfin un terme à la
guerre de Trente Ans (traité de Westphalie-1648), les difficutés
financières s'aggravèrent rendant les mesures de Mazarin de plus en
plus impopulaires. Ce fut l'une d'elles qui déclencha la première fronde, La
Fronde Parlementaire (1648) dont Mazarin, malgré le déchaînement
des pamphlets " Mazarinades ", vint finalement à bout (paix
de Rueil-1649) en divisant ses adversaires.
Mais la seconde fronde, La Fronde Des Princes (1650-1652), qui
fut fortement amplifiée par l'arrestation de Condé(1650), allait lui
succéder immédiatement. Mazarin fut obligé de s'exiler à deux
reprises (1651 et 1652) tout en continuant de gouverner par
l'intermédiaire d'Anne D'Autriche et de fidèles collaborateurs comme Hugues
De Lionne(1611-1671) et Michel Le Tellier (1603-1685).
Sorti vainqueur de cette tourmente, il revint à Paris où il fut cette fois,
acclamé par le peuple lassé de toutes ces guerres et devint encore plus
puissant.
Très proche d'Anne d'Autriche, il semblerait qu'un tendre sentiment les
liait bien qu'il n'existât aucune preuve de liaison, ni de mariage secret entre
eux. Jusqu'à la fin de sa vie, Mazarin se consacra entièrement à
servir les intérêts de la France et du jeune Roi Louis XIV, son filleul.
Le 7 juin 1654, sacre de Louis XIV avec une cérémonie voulue grandiose par Mazarin et
qu'il organisa avec tout l'art d'un metteur en scène. Après ces deux frondes, Mazarin voulait
par ce sacre de Louis XIV, proclamer la victoire duRoi, l'alliance du jeune Roi avec son royaume et l'union
avec son peuple.
Maintenu plus que jamais dans ses fonctions de premier ministre, Mazarin va
réussir à restaurer l'autorité royale en parvenant à restreindre les droits du
parlement et en luttant également contre les Jansénistes. Il réussit également
à mettre un terme à la guerre contre l'Espagne (Paix Des Pyrénées-1659) et
appuya de tout son pouvoir Anne d'Autriche dans son projet de mariage
entre Louis XIV et l'Infante d'Espagne, Marie-Thérèse, notamment en exilant
sa propre nièce, Marie Mancini, dont le roi s'était épris au point de vouloir l'épouser et
d'annuler son mariage avec l'Infante, ce qui aurait été très lourd de
conséquences pour la France. Louis XIV finit par se plier à leurs exigences et,
résigné, épousa pour raison d'État, l'Infante Marie-Thérèse, le 9 juin 1660.
Dans la guerre du Nord entre les puissances de la Baltique, Mazarin en
fut encore l'arbitre.
Grand homme politique mais aussi grand mécène, il sut profiter de ses
fonctions pour amasser une immense fortune.
Il fonda l'Académie Royale de peinture et de sculpture en 1648 et
réussit à reconstituer après la fronde, une grande bibliothèque, c'est l'actuelle bibliothèque Mazarine.
Mazarin, usé et fatigué par une vie entièrement dévouée au service de la
France, tomba gravement malade, après la cérémonie du mariage de Louis XIV à tel point qu'on
se demandait s'il pourrait tenir durant celle-ci : il souffrait tellement après
qu'il n'a pas pu se lever de son lit quand la Reine Anne d'Autriche est
venue lui rendre visite pour prendre de ses nouvelles, et il lui a montré ses
cuisses et ses mollets qui étaient quasi réduits à l'os (très maigres),des
lunules blanches et violettes tachetaient sa peau fripée. Il gémissait et avait
des quintes de toux.
Le 6 février 1661 un incendie a ravagé la galerie des rois, au Louvre, au
dessous des appartements de Mazarin, incapable de marcher il sera évacué
dans sa chaise à porteurs. Meurtri par l'émotion, surtout une très grande peur
de brûler dans lit, il ne s'en remettra plus.
Il mourut après un mois d'agonie au Château de Vincennes le 9 mars 1661,
non sans avoir amèrement regretté de devoir quitter tous ses biens qu'il
chérissait tant, et accusant les médecins de l'avoir tué. Peu avant sa mort, il
lègua la totalité de ses biens au roi qui les lui restitua, lui permettant
ainsi de distribuer toute son immense fortune à sa famille. Il se démit de ses
fonctions de surintendant de la maison de la Reine-Mère et aussi de
celles de surintendant de la maison de la Reine Marie-Thérèse au profit de ses deux nièces.
Mazarin est mort des suites d'une longue maladie. D'après les médecins
de l'époque, il avait une gravelle compliquée d'hémorroïdes et une exténuation
des jambes qui est le chemin de l'hydropisie : l'un d'eux (Dr Brayer) disait
que c'était la rate, un autre (Dr Guenaud) le foie et Vallot (médecin
de la cour) de l'eau dans les poumons ! Pour d'autres, ce n'était ni la
gravelle ni la goutte, il y avait une polémique au sujet de sa maladie et
personne n'était d'accord !
À l'autopsie, les médecins lui trouvèrent " une petite pierre
dans le coeur ", il devait s'agir d'une petite concrétion d'origine
lipidique. D'après d'autres, il est mort de néphrite, oedème pulmonaire et
urémie, ce qui reprend les troubles dont il souffrait.
jj
ès
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