lunes, 29 de febrero de 2016

Origines du théâtre: Le Théâtre Grec


Le théâtre grec

Les tragédies et comédies grecques, dont la représentation remonte aux vie et ve siècles avant J.-C., ont une origine religieuse, liée au culte de Dionysos. Le théâtre est donc dans son origine lié au sacré.
Ces représentations ont lieu lors de fêtes organisées par l'État. Deux fois par an, elles réunissent les citoyens autour d'un concours entre trois auteurs sélectionnés à l'avance. Pendant les trois jours de cérémonies, ceux-ci font représenter plusieurs pièces chacun. Ainsi le public assiste-t-il à une quinzaine de représentations, depuis le matin jusqu'au crépuscule. Cette manière de voir du théâtre est assez éloignée de celle qui est la nôtre aujourd'hui, à part à l'occasion de certains festivals.
Le lieu de ces représentations est un édifice à ciel ouvert, pouvant accueillir un public très nombreux, occupant les gradins. Face à lui se trouve la scène, au-dessus de laquelle un balcon peut voir apparaître les dieux. Il y a également une fosse d'orchestre, un espace circulaire dans lequel se trouve un autel dédié à Dionysos et réservé au chœur (par conséquent situé à la fois « avec » les acteurs, et séparé d'eux).
Le chœur est composé d'un certain nombre de choreutes, qui prennent en charge la partie lyrique du spectacle (le chant). Il était accompagné au départ d'un acteur (le protagoniste) puis on en ajouta deux autres : le deutéragoniste et le tritagoniste. Avec l'évolution du théâtre, la part lyrique a diminué, au profit du dialogue.
À l'époque, tous les rôles sont tenus par des hommes, portant des masques : le visage de l'acteur n'exprime donc pas une psychologie nuancée et les nuances de l'émotion passent par le ton et les gestes. Les acteurs portent des tuniques colorées, la couleur permettant d'aider les spectateurs à distinguer les différents rôles.
Les pièces grecques se composent d'un certain nombre de « moments » définis : un prologue, puis l'entrée du chœur (« parodos »), puis des épisodes coupés par des chants du chœur, enfin la sortie du chœur (« exodos »).
Eschyle, Sophocle, Euripide sont les auteurs tragiques les plus célèbres. Leurs œuvres sont non seulement reprises encore aujourd'hui, mais sont aussi des sources d'inspiration pour certains dramaturges contemporains. 

domingo, 28 de febrero de 2016

Les grands auteurs du Théâtre grec

Thespis : VI è siècle av. J-C. Poète tragique de L’Attique; n’a laissé aucune trace de ses œuvres. Il aurait introduit le premier, un acteur dans le chœur. Payé en nature (bouc ou chèvre), il était appelé tragikoï (par rapport au bouc qui se dit "tragos " en grec). Le terme tragédie est né de ce surnom.






Eschyle : 525 av. J.-C. - 456 av. J.-C.Auteur dramatique, il gagne son premier concours en 484. Sa réputation amène Hiéron, tyran de Syracuse et protecteur des arts, à l'inviter en Sicile, où il séjourne à deux reprises (472-468, 458-456). Des quelque quatre-vingts pièces qui lui sont attribuées, sept seulement nous sont parvenues dans leur totalité : Les Suppliantes (vers 490), Les Perses (472), Les Sept contre Thèbes (467), Prométhée enchaîné (entre 460 et 450) et la trilogie de L'Orestie (458), qui comprend Agamemnon, Les Choéphores et Les Euménides.



Sophocle : vers 495 av. J.-C. 406 av. J.-C. il est le plus grand dramaturge de la Grèce du Ve siècle. À trente ans, il participe pour la première fois à un concours dramatique et triomphe d’Eschyle. Plus de vingt fois, sans jamais obtenir moins qu'une deuxième place, il viendra à bout de ses concurrents, faisant représenter plus de cent vingt-trois tragédies, dont sept sont parvenues jusqu'à nous. Il donne ainsi au genre tragique sa forme définitive, en faisant passer le nombre d'acteurs de deux à trois et en remplaçant le principe de la trilogie liée (contant trois épisodes d'un même mythe) par celui de la trilogie libre (où les épisodes sont autonomes).

Euripide : 80 v. J.-C. -406 av. J.-C Auteur de plus de quatre-vingt-dix pièces, Euripide n'obtint de son vivant que quatre victoires au concours tragique. Il nous reste de cette œuvre dix-huit pièces complètes, parmi lesquelles: Alceste (438), Médée (431), Hippolyte (428), Hécube (v. 424), Héraclès (v. 418), Les Troyennes(415), Électre (v. 413), Hélène (412), Iphigénie en Tauride (v. 411), Ion (v. 410), Oreste (408), Les Bacchantes (405) et Iphigénie à Aulis (405).





Aristophane vers 445 - v. 386 av. J.-C Il composa une quarantaine de comédies, dont onze seulement nous sont parvenues complètes. Une partie de cette œuvre satirique et polémique s'inspire de l'actualité politique ou quotidienne pour fustiger les archontes (Les Babyloniens, 426), la démagogie du très puissant Cléon (Les Cavaliers, 424), les partisans de la guerre (Les Acharniens, La Paix,421 ;Lysistrata, 411), les sophistes (Les Nuées, 423), les tribunaux (Les Guêpes, 422). Mais si le chœur - déguisé, virevoltant, fournissant l'élément essentiel et permanent du comique - joue dans toutes ces pièces son rôle traditionnel, il perd de son importance à mesure que l'inspiration du poète se détourne de l'actualité pour aborder des thèmes plus généraux : ennemi de la nouveauté dans beaucoup de domaines, Aristophane se fait critique littéraire dans Les Thesmophories (411), dans Les Grenouilles (405), où il oppose Eschyle à Euripide. Il condamne les théories féministes des sophistes dans L'Assemblée des femmes (392), tandis que la veine utopique et fantaisiste triomphe dans Les Oiseaux (414) et Ploutos (388) Par la variété de ses thèmes, l'invention et la verve qu'il manifeste dans ses œuvres, la justesse de ses parodies et de ses allégories, Aristophane reste le plus grand poète comique grec : son style, toujours souple et élégant, n'exclut ni une violence parfois extrême du langage ni un lyrisme à la fois simple et puissant.

viernes, 26 de febrero de 2016

La tragédie (Video)


La Tragédie

Pièce de théâtre dont le sujet est le plus souvent emprunté à un mythe ou à l'histoire, mettant en scène des personnages illustres et représentant une action destinée à provoquer la pitié ou la terreur, par le spectacle des passions humaines et des catastrophes qui en sont la fatale conséquence.
Œuvre dramatique en vers qui représente des personnages héroïques dans des situations de conflit exceptionnelles, propres à exciter la terreur ou la pitié, la tragédie est un genre théâtral bien défini, qui n'a trouvé à s'épanouir qu'à quelques périodes de l'histoire occidentale, en accord avec certaines dispositions de la sensibilité collective ; ainsi, on dénombre trois époques de véritable plénitude du genre : Grèce du ve s. avant J.-C., Angleterre élisabéthaine, France classique.
De l'Antiquité grecque jusque vers le milieu du xviiie s. européen, la tragédie a été considérée comme le plus prestigieux des genres littéraires. Plus prestigieux que les autres genres poétiques en tant qu'un art de fiction qui « imite » les actions des hommes ; plus prestigieux que la comédie, qui se borne à jouer avec les ridicules des hommes ordinaires dans un langage ordinaire. Aussi prestigieux que l'épopée, enfin – sur laquelle, dans la pratique, elle a même fini par prendre le pas, les réussites de celle-ci étant très rares –, qui raconte elle aussi, en vers et dans un langage noble, des faits advenus à des hommes de haut rang. L'épopée, comme la tragédie, a pour objet le bonheur et le malheur des hommes, mais elle se contente de chanter les exploits de héros qui se relèvent toujours triomphalement de difficiles situations, tandis que la tragédie, en contant le destin funeste de ces mêmes héros, tire une force supérieure du plaisir paradoxal qui la constitue : elle procure un plaisir esthétique en provoquant par le récit de désastres humains des émotions extrêmes (« la frayeur et la pitié »), d'autant plus violentes que ces funestes événements sont ramassés en un laps de temps réduit et mis sous les yeux des spectateurs par la représentation.

jueves, 25 de febrero de 2016

Les règles de la Tragédie

Règle des trois Unités


La règle dite des trois unités, d'action, de temps, de lieu, relève du « bon sens dramatique » : l'unité d'action vise à concentrer l'attention du public sur une intrigue unique et simple dont tous les épisodes soient nécessaires et se suivent de façon logique et continue. Pour permettre l'illusion théâtrale, la durée de l'action doit coïncider au plus près avec celle de la représentation, qui n'excède pas trois heures, et tenir en une journée. D'où découle l'unité de lieu, une action limitée dans le temps nécessitant un lieu unique, assez neutre (palais). L'action se noue autour de la crise : le rideau se lève sur une situation tendue, au bord de la catastrophe, qui constitue le dénouement. Celui-ci obéit à des principes stricts : nécessaire, il résulte directement de la crise, sans ajout ni hasard ; complet, il fixe le spectateur sur le sort des personnages principaux ; rapide, il doit concentrer l'émotion.

Vraisemblance et bienséances « Jamais au spectateur n'offrez rien d'incroyable : Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable », recommande Boileau dans son Art poétique (chant III). Le souci de vraisemblance est aussi bien dicté par le refus de disperser l'attention du spectateur que par le respect des bienséances, qui interdit la représentation de scènes choquantes (meurtres) pour un public de cour. Pour contourner la difficulté, le dramaturge recourt au récit, substitut littéraire de l'action. La réussite de la tragédie classique a tenu à une convergence entre idéaux esthétiques, moraux, sociaux du temps. Cérémonie de la cour, du pouvoir, du Grand Siècle, elle n'a pas survécu à la fin de cette harmonie.

les regles de la tragédie(vidéo)



Histoire de la Tragédie

Histoire de la tragédie

La tragédie grecque

On se perd en conjectures sur l'origine de la tragédie : son nom, tragôidia(littéralement, « chant du bouc »), semble renvoyer à des improvisations religieuses liées au culte de Dionysos, ce que confirme le fait qu'à Athènes les tragédies étaient représentées uniquement à l'occasion des fêtes consacrées à ce dieu (les dionysies) et dans le cadre du théâtre qui lui était dédié. Mais on ignore ce qui a permis le passage de textes courts à forte teneur religieuse à une forme d'expression véritablement littéraire, qui emprunte sa matière à l'épopée tout en faisant passer ses mythes (religieux et légendaires) au crible des nouvelles valeurs civiques et juridiques de la démocratie athénienne. Ce qui est sûr, c'est que la forme de la tragédie se fixe définitivement au cours duve s. avant J.-C., lorsque, avec Eschyle, la partie dialoguée (donc l'intrigue dramatique) prend le pas sur la partie chantée dévolue au chœur, et issue dudithyrambe primitif.

L’histoire de la tragédie grecque ne se réduit pas aux deux dates rapprochées qui séparent les Perses d'Eschyle (472 avant J.-C. ; première tragédie conservée) d'Œdipe à Colone de Sophocle (401 avant J.-C. ; dernière tragédie conservée). Eschyle n'est pas le premier auteur tragique. Vers le milieu du vie s. avant J.-C., l'Athénien Thespis aurait donné forme à la tragédie en remplaçant le chanteur des origines, le coryphée, par un acteur qui jouait, en face du chœur, un ou même plusieurs rôles. D’autres également précédèrent Eschyle, tels Pratinas, Phrynichos. Sophocle etEuripide, qui ont écrit une centaine de pièces chacun, ont eu aussi des rivaux (Ion de Chios, Néophron, Nicomaque) et ont été suivis par notamment Critias, Agathon et Cratinos. Des fragments de tragédies de plus de deux cents auteurs et seulement quelque trente pièces intégrales des trois grands auteurs grecs (Eschyle, Sophocle, Euripide) ont pu être conservés.
La tragédie attique se caractérise par une structure forte, composée de passages dialogués et de passages chantés. Eschyle et Sophocle font définitivement de la tragédie une action dialoguée en ajoutant respectivement un deuxième puis un troisième acteur. Un prologue précède l'entrée du chœur (la parodos). L'action se développe ensuite en trois épisodes entre lesquels le chœur chante les stasima et se termine par l'exodos (exode). Le texte est réparti entre le chœur, placé dans l'orkhêstra, qui commente l'action et se plaint, et les acteurs qui agissent sur scène.

La tragédie latine

Entrée en décadence dès le début du ive s. avant J.-C., la tragédie attique est imitée, à Rome, par Sénèquenotamment, seul auteur dont nous possédons des œuvres entières. Des fragments de tragédies de Livius Andronicus, de Naevius, d'Ennius (iiie s. avant J.-C.), de Pacuvius et d'Accius (iie s. avant J.-C.) nous sont parvenus, et l'usage d'écrire des tragédies fut préservé dans l'Empire romain, ne fût-ce qu'à titre d'exercice scolaire.
La pratique du genre ne fut interrompue que durant le Moyen Âge. Mais, sitôt cette tradition redécouverte par les hommes de la Renaissance italienne, la tragédie attire l'attention des lettrés, qui, ayant traduit Sénèque, créent des œuvres originales (mais d'inspiration sénéquienne) en Italie puis, à partir du milieu du xvie s., en France et dans toute l'Europe. Seule l'Espagne reste à l'écart, attachée à la comedia, forme souple qui accueille les sujets les plus légers comme les drames les plus noirs. Partout ailleurs, c'est une véritable floraison de la tragédie, non seulement dans chacune des grandes langues nationales, mais aussi en latin.

Le théâtre élisabéthain


Entre l'avènement d'Élisabeth Ire (1558) et l'ordre du Parlement de fermer les théâtres (1642), l'expression dramatique fait l'objet en Angleterre de l'engouement d'un vaste public, à la cour comme en ville, malgré l'opposition des puritains. Plus de 1 000 pièces sont enregistrées entre 1580 et 1642, dues à une multitude d'auteurs, parmi lesquels Thomas Kyd (1558-1594), George Chapman (1559-1634), Christopher MarloweJohn MarstonBen JonsonThomas DekkerFrancis BeaumontJohn FletcherJohn Webster,John FordJohn Lyly, dominés par la figure de William Shakespeare.
Tout en faisant la part belle au tragique, le théâtre élisabéthain ne lui réserve pas de forme spécifique. L'essentiel, pour les dramaturges, est d'exprimer des vérités du cœur et de l'esprit et de refléter le spectacle du monde. Les secousses de la monarchie anglaise et la dégradation en cynisme des vertus héroïques s'y peignent donc, et tragiquement. Les autres caractères de cette dramaturgie – mélange du tragique et du bouffon, prédilection pour la violence et pour le thème de la vengeance, angoisse métaphysique dissimulée sous un appétit forcené de jouissance et de connaissance, mélange de truculence verbale et de raffinement poétique – étendront leur influence sur le continent après deux siècles, contribuant à l'extinction des formes classiques « pures ».

La tragédie française

Bien que le protestant Théodore de Bèze ait écrit en 1550 la première tragédie originale française (Abraham sacrifiant), la tragédie moderne naît en France en 1552, avec la Cléopâtre captive d'Étienne Jodelle. Sur le modèle de Sénèque, Jodelle invente, en s'inspirant des Italiens, la « tragédie humaniste », fondée sur une esthétique à laquelle resteront fidèles tous ses successeurs (notamment Robert Garnier et Antoine de Montchrestien). Le sujet de la tragédie demeurera immuable sous la variété des histoires, et la manière de le traiter restera la même : tout étant déjà joué, la pièce montre le malheur en marche à travers les débats rhétoriques, les réflexions philosophiques et morales, les plaintes lyriques, les récits élégiaques ou pompeux et les chants du chœur, qui débouchent sur le dénouement funeste. Visée morale, statisme, juxtaposition de tableaux plutôt qu'enchaînement rigoureux de scènes, très forte charge poétique et régularité sont donc les traits dominants de ce type de tragédie.
Conçue par et pour une élite, la tragédie humaniste n'a pas survécu au contact des représentations populaires : elle perd son caractère statique (les chœurs sont les premiers à disparaître) au profit de combats, de suicides, de viols, de mutilations, de meurtres… – le goût pour ces scènes violentes entraîne une modification dans le choix des sujets, désormais souvent empruntés à l'actualité, aux nouvelles et au roman –, en même temps qu'elle rompt avec les règles de l'unité d'action et de temps. Ce qu'on appellera après coup la tragédie irrégulière tend donc à substituer l'action à la déploration.
La fin du xvie s. voit également l'invention capitale d'un nouveau genre : la tragi-comédie, qui, tout aussi irrégulière, puise constamment dans la littérature romanesque, et partant déroule des aventures héroïques et amoureuses, où la mort n'est qu'un risque et où le dénouement est systématiquement heureux. D'égale importance fut l'importation d'Italie, à la même époque, de la pastorale, qui a l'amour pour unique enjeu et où l'action est fortement structurée grâce au principe des amours en chaîne.

C’est dans ce contexte que les inventeurs de la tragédie classique(Jean MairetGeorges de ScudéryPierre CorneilleJean de Rotrou) imaginent une nouvelle forme de tragédie régulière en puisant aux mêmes sources théoriques que les auteurs de la Renaissance.Alexandre Hardy, le principal auteur de tragédies irrégulières et de tragi-comédies du premier quart du siècle, Théophile de Viau (Pyrame et Thisbé) et le seigneur de Racan (les Bergeries) – admirés pour leurs drames amoureux écrits dans une langue polie et poétique – servent de modèles aux premiers tragédiens classiques, qui commencent eux-mêmes leur carrière par des tragi-comédies et des pastorales. En même temps, ils établissent les principes de régularité et de vraisemblance, préconisés par les théoriciens à partir de 1630, tout en intégrant les apports tragi-comiques et pastoraux que constituent l'action et le mouvement, la psychologie et le conflit amoureux, l'expression d'une volonté de dépassement de soi engendrée par la passion. La Sophonisbe (1634) de Jean Mairet marque la naissance et la victoire. d'un genre tragique régulier.

Vers 1640, quand Pierre Corneille lance, aprèsle Cid, la série de ses pièces historiques, la tragédie devient non plus le récit d'une illustre infortune, mais la mise en scène d'une action héroïque face à un conflit politico-amoureux et sous la menace d'un péril de mort : désormais, l'issue funeste n'est plus une nécessité. Même si par la suite Jean Racine substitue la passion à l'action héroïque, il ne conçoit jamais la tragédie comme une déploration, mais comme une intrigue qui progresse au rythme des affrontements et des coups de théâtre. En définitive, si opposés qu'ils puissent être par ailleurs, Corneille et Racine fondent leur dramaturgie sur une conception du genre tragique qui n'est plus celle de l'écrasement de l'homme, mais celle des conflits intérieurs insolubles, dont les héros ne peuvent se libérer que par le dépassement généreux ou par la mort.
Parmi les auteurs de la tragédie classique figurent également Tristan L'HermiteIsaac Du Ryer, Claude Boyer, Philippe Quinault et Thomas Corneille. Après l’avènement de ce genre au xviie s., les imitations duxviiie s. (CrébillonVoltaire, Népomucène Lemercier) ne parvinrent pas à en ranimer le souffle.
Au xxe s., la tragédie grecque est redevenue un modèle ou une nostalgie pour quleques auteurs comme Paul ClaudelJean CocteauJean GiraudouxJean Anouilh. Mais les dieux sont morts et, malgré les efforts d’Albert Camus et de Jean-Paul Sartre pour opposer à la tragédie de la fatalité une tragédie de la liberté, le genre, âprement critiqué par Berthold Brecht, n'a pas retrouvé la communion ou l'angoisse collective nécessaire à son épanouissement.

miércoles, 24 de febrero de 2016

La Comédie

La comédie est un genre très diversifié et n’a pas de définition précise : c’est généralement une pièce mettant en scène des gens ordinaires, écrite de manière plaisante, voire drôle, et qui finit bien… La comédie est aussi née à Athènes, peu après la tragédie. Elle ridiculise d’abord les gens connus de la cité, mais évolue pour traiter de façon plaisante, souvent comique, les relations humaines : conflits entre les parents et les enfants, entre les esclaves et les maîtres. Ce type de comédie se répand dans les cités de l’antiquité grecque, puis romaine, avant de s’éteindre avec la désintégration de l’empire romain. Au Moyen Âge, apparaissent les farces : de courtes pièces populaires à l’humour volontiers physique où, habituellement, un personnage tente d’en tromper un autre. À la Renaissance, on redécouvre la comédie antique et, avec l’influence de la farce, naît la comédie telle qu’on la connaît aujourd’hui. Elle bénéficie rapidement de deux influences majeures ; d’abord, la commedia dell’arte développe les intrigues et définit des personnages typés. Puis Molière la structure autour d’une intrigue stricte, met le rire de l’avant (et non seulement ce qui est plaisant) et, surtout, utilise comme principal élément comique les travers psychologiques des personnages.

lunes, 22 de febrero de 2016

Les règles de la comédie


Reprenant Aristote, les dramaturges du XVIIe siècle ont codifié la comédie ; mais durant les siècles suivants, les auteurs s'affranchissent de ces normes strictes.

Des personnages de condition moyenne

La comédie met en scène des personnages principaux appartenant au peuple ou à la bourgeoisie. Ces personnages, dont beaucoup sont des types hérités de la tradition, se définissent par leurs rôles (de père, de valet, de jeune amoureux, etc).

 Une intrigue inventée

Contrairement à la tragédie qui reprend des mythes ou l'Histoire, l'intrigue de la comédie doit être inventée par l'auteur. Son action se développe en un, en trois ou en cinq actes ; son déroulement est ponctué de péripéties et de coups de théâtre et son dénouement est heureux puisque les héros réussissent à résoudre les conflits apparus au cours de leur existence.

 Les règles d'unité


La comédie classique se conforme à plusieurs règles. Elle doit mettre en scène une action principale (unité d'action), se dérouler en moins de vingt-quatre heures (unité de temps) et dans un seul endroit (unité de lieu). De même, elle ne doit pas mélanger les genres, c'est-à-dire comporter, par exemple, de moments tragiques (unité de ton).

domingo, 21 de febrero de 2016

Les types de Comédie

 La comédie d'intrigue

Forte de nombreux rebondissements, elle met souvent en scène un couple de jeunes amantsobligés de surmonter l'opposition de parents ou de rivaux tyranniques et ridicules – c'est le cas par exemple du Barbier de Séville (1775) de Beaumarchais. Elle présente aussi des valets rusés, et parfois fourbes, qui n'ont de cesse de faire triompher l'amour et/ou de duper leurs maîtres. En cela, elle s'inspire de situations et d'intrigues de la commedia dell'arte, fondée sur l'improvisation à partir de situations et de caractères stéréotypés, comme le valet Arlequin.

 La comédie de caracteres

Elle cherche à représenter les grands défauts humains, comme l'avarice, la colère, l'hypocrisie, de façon souvent caricaturale. C'est à ce genre de comédies qu'appartiennent un certain nombre de pièces de Molière comme L'Avare (1668) ou encore Le Malade imaginaire (1673).

La Comédie de la mort 

Est le chef-d'oeuvre de la période romantique de Théophile Gautier. Un recueil de poèmes où sous l'influence de Shakespeare*, Goethe et Dante*, Gautier grave avec vigueur le caractère multiforme de la mort et qui est composé de trois grandes parties: "Portail", "La vie dans la vie" et "La mort dans la vie". Les nombreux thèmes et figures qui parcourent ce long ouvrage poétique respirent la présence d’Eros et Thanatos. Le poète y chante aussi bien la rencontre amoureuse entre une jeune fille morte et un ver de terre que la mélancolie *de Don Juan qui regrette de ne pas avoir préféré la cellule sombre et les heures noires de Faust à la voie trompeuse de l’amour voluptueux. Les Nuits d’été (1842) d’Hector Berlioz, ce très célèbre cycle de six mélodies, traite le sujet de l’amour d’un point de vue typiquement romantique. Les poèmes choisis par Berlioz sont extraits de La Comédie de la mort.

La Comédie-Ballet


Molière a créé ce genre hybride conçu par la Cour et mêlant le théâtre la danse et la musique 

sábado, 20 de febrero de 2016

Tableau comparatif de Comédie et Tragédie




Comédie
Tragédie
Personnages de bourgeois
Personnages de nobles
Sujet : famille, vie sociale, argent, amour (sphère privée)
vie sociale, argent, amour (sphère privée)
Forme assez libre ; vers ou prose
Cinq actes ; vers
Registre comique et fin heureuse
Registre et dénouement tragiques
Unité de lieu, de temps, d'action
Unité de lieu, de temps, d'action

viernes, 19 de febrero de 2016

William Shakespeare


William Shakespeare : (1564 - 1616). Écrivain britannique, né à Stratford-on-Avon. Les détails de sa vie sont très peu connus; Fils de commerçant, peut être catholique, il se maria jeune (1582) mais quitta femme et enfants pour devenir acteur à Londres (v1588). Son premier ouvrage, "Vénus et Adonis" (1593), est dédié à Lord Southampton qui lui accordera sa protection; suivent "le Viol de Lucrèce" (1594) et des Sonnets, adressés, à un mystérieux destinataire qui est, à l'évidence, un homme. Les troupes de comédiens, victimes de la peste de 1592, se séparèrent et Shakespeare fit un bref séjour à Stratford. A son retour, entré dans la troupe du Lord Chambellann (Lord Chalmberlain's Men) qui deviendra, à la mort de la reine Elisabeth la troupe du roi (King's Men), placée sous la protection, de Jacques Ier en 1603, il connaît un grand succès en montants ses pièces à Londres et en provvince. A la fin de sa vie, après 1613, il retourna dans sa ville natale. On a douté de l'authenticité de son oeuvre, qu'on a parfois attribuée à quelques-uns de ses contemporains (Ben Jonson, Bacon), et dont il est difficile de dater les différents éléments (n'ont été publiées de son vivant que 16 pièces sur les 37 dont on lui attribue la paternité). Shakespeare a abordé toutes les formes de théâtre : drames historiques à sujets tirés de l'histoire romaine ("Jules César", 1599; "Antoine et Cléopâtre",1606) et de l'histoire de la Grande-Bretagne ("Henri IV",1591; "Richard III", 1592); Tragédies ("Hamlet", 1601; "Othello", 1604; "Macbeth",1605; "Le Roi Lear",1606 ; "Roméo et Juliette", 1595) ; Comédies légères ("Le Songe D'une nuit d'été", 1595; "Le Marchand de Venise", 1596; "La Mégère Apprivoisée", 1594) ou féerique ("La Tempête", 1611). Shakespeare invente rarement son sujet mais redonne vie à des histoires anciennes ou à des personnages traditionnels : Shylock l'avare, Fastaff le bouffon, Othello le jaloux, Macbeth le criminel, poursuivi par le remords, Hamblet qui médite et hésite, tourmenté par l'idée d'agir. Il a peint touts les passions et abordé tous les problèmes, de la politique à l'amour. la variété de son style et de ses images, la violence ou la fantaisie de ses intrigues ont fait de lui l'idole des romantiques et il continue d'être joué dans le monde entier. L'oeuvre dramatique de Shakespeare, aussi immense que diverse, à inspiré nombre de musicien et de cinéastes.

Le théâtre élisabéthain

Le théâtre élisabéthain est un mouvement théâtral qui est né à la fin du 16e et qui a duré jusqu’au début du 17e siècle, en Angleterre, il va s’en dire. La reine de l’époque, Élisabeth 1re, protégeait beaucoup les arts; c’est pourquoi le mouvement théâtral porte son nom.
Toutefois, pour certains groupes de la population, le théâtre est considéré comme « la maison du Diable » et, en 1642, l’État interdit tout spectacle.
Les théâtres élisabéthain, présentent de nombreuses analogies avec les théâtres publics espagnols de la fin du XVe siècle :
aménagés dans une cour intérieur (le plus souvent dans une cour d’auberge) ou dans une cour limitée par quelques maisons, les «corrales » offrent différentes aires de jeu à plusieurs étages sans recourir à aucun décor. Certaines maisons, dont les façades constituaient les côtés arrière et latéraux de la scène, servaient fréquemment de loges, les comédiens pouvant utiliser les fenêtres pour gagner les aires de jeu. Au cours de la représentation, les spectateurs se tenaient debout ou occupaient les bancs portés pas des gradins installés sur les côtés. Ce ceci étant posé qu’est-ce que le : Théâtre élisabéthain ou le Drame élisabéthain Le théâtre élisabéthain désigne le mouvement théâtral de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle en Angleterre, essentiellement à Londres, sous le règne d’Élisabeth Ière , de Jacques Ier et de Charles Ier. Violent, irrespectueux et impudique, en rupture avec toutes les règles conventionnelles, le théâtre qui s’épanouit à Londres à partir des années 1570/80, déploie ses sanglants récits historiques à ciel ouvert, dans les arènes d’édifices nouveaux..
Grâce à Shakespeare, son principal représentant, qui a exploré tous les genres, il ne cesse d’enflammer les renaissances de l’art théâtral : une esthétique très libre, qui est parfois qualifiée de «baroque », par opposition à l’esthétique classique – soumise à de strictes règles –, va s’imposer au XVIIe siècle.
Le Plateau : Avant la fin du XVI e siècle, il n’existait pas d’édifices spécialement affectés au théâtre. La vie théâtrale était composée de survivances des «mystères » religieux du Moyen Âge, de jeux, de tournois et d’entrées princières dans les villes, de ballets ou de cérémonies de cour, du théâtre des collèges et des universités et de représentations données dans des cours d’auberge ou dans des arènes.
L'architecture : De même que le patio des demeures espagnoles, qui a souvent abrité des représentations, a fourni le modèle architectural des corrales – les premiers théâtres construits en Espagne à la même époque –, de même la cour d’auberge, entourée de galeries, sert de modèle architectural aux premiers théâtres construits sous le règne d’Élisabeth Ire

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James Burbage : (1531-1597)charpentier,devenu ensuite acteur, qui construit en 1576 le premier théâtre important, "The Theatre", sur le modèle d’un premier édifice londonien, le "Red Lion". Ces deux théâtres publics sont à ciel ouvert.
Burbage fait transformer une salle du prieuré des "Blackfriars", à Londres, en salle de spectacle privée, réservée d’abord à un cercle d’initiés, puis à une élite assez aisée pour payer l’entrée. Dès 1600, il y aura cinq théâtres publics à Londres; d’autres suivront : le Curtain, la Rose, le Swan, le Globe (situé au bord de la Tamise, il pouvait contenir jusqu’à 2 000 personnes ), la Fortune et le Hope.

La scène : La scène élisabéthaine, fondamentalement différente de la scène frontale à l’italienne, répandue en Italie et en France, est logée dans un édifice à ciel ouvert, de forme polygonale (le Red Lion ) ou circulaire (le Swan et le Globe ); celui-ci enserre un espace central, l’équivalent d’une arène entourée de galeries, sur trois étages, où se tenait le public. Une vaste aire de jeu – le proscenium– s’avance dans cette arène ; les acteurs sont donc entourés par le public, sur trois côtés. Adossée au mur du fond, à l’arrière du proscenium, une petite scène couverte par un auvent de chaume peut être fermée par un rideau; elle est surmontée d’un étage servant le plus souvent de rempart ou de balcon. Un troisième étage accueille généralement des musiciens. Les théâtres privés, couverts, offrent aussi une vaste et profonde aire de jeu dans une salle de forme rectangulaire.

La scenographie : La pluralité des espaces scéniques permet des changements de lieu et de séquence parfois très rapides. Les lieux successifs de l’action (palais, forêt, lande, camp militaire, place, etc.) sont évoqués par quelques accessoires réalistes, le caractère des entrées, le ton et le costume des comédiens. À la différence de la scène frontale à l’italienne, sur le proscenium élisabéthain l’acteur est au milieu du public populaire, qui assiste au spectacle debout dans l’arène. Vu de face et de côté aussi bien que de dos, il est donc plus engagé physiquement, et son jeu est plus gestuel et codé que travaillé dans la finesse de l’intériorisation. Plutôt qu’un personnage mimétique, l’acteur est une figure troublante et provocatrice (comme Hamlet s’adressant à sa mère ou à Ophélie ), dont les déplacements sont chorégraphiés. Devenant progressivement des professionnels, les acteurs perfectionnent leur savoir-faire dans le domaine du chant, de la danse, et ils développent leurs qualités physiques. Par ailleurs, conformément aux conventions esthétiques, les rôles de femmes sont tenus par de jeunes garçons. Les théâtres permanents, qui rompent avec la pratique des représentations épisodiques, cérémonielles et itinérantes, donnent naissance, à la fin du XVI e siècle, à un véritable public : plus choisi et plus lettré dans lesthéâtres privés que dans les théâtres publics, celui-ci incite à la création d’un grand nombre d’œuvres nouvelles.
Les compagnies : Avant la période élisabéthaine, les comédiens sont assimilés aux vagabonds et aux malfaiteurs par la législation. Empêchés de travailler durant les épidémies de peste, ils sont livrés aux persécutions incessantes des puritains, qui les soumettent à la censure et obtiennent la fermeture des théâtres pour vingt ans !
Partenariat : Chamberlain’s Men, Lord Admiral’s Men, Worcester’s Men, Queen Ann’s Men, King’s Men, Prince Henry’s Men... Ainsi s’exercent un mécénat et une protection qui permettent à quelques troupes de devenir des entreprises régulières et rentables, malgré les dissolutions, les changements de mécènes, les épidémies de peste et autres aléas. Ces troupes, dont la fortune se limite à quelques accessoires et costumes, peuvent même devenir les actionnaires d’un théâtre : ainsi, Chamberlain’s Men – la plus importante et la plus brillante d’entre elles – est actionnaire du Globe, puis du Blackfriars. Grâce à cette relative stabilité d’une troupe professionnelle, des acteurs acquièrent une notoriété, tel Richard Burbage (Chamberlain’s Men ) qui créa de grands rôles shakespeariens (Othello, Richard III, Lear...). Le plus souvent, les pièces sont commandées par les troupes à des auteurs qui pratiquent le métier d’acteur : Shakespeare était lui-même acteur des Chamberlain’s Men et actionnaire du Globe et du Blackfriars.
Les masques : Au même moment, d’autres troupes continuent à exister, notamment d’enfants ou d’étudiants, ainsi que celles qui jouent des ballets ou «masques », ( avènement de la Commedia dell’arte, un genre nouveau en vogue à la cour d’Élisabeth Ire, consistant en danses et déguisements costumés : acteurs et personnalités royales ou aristocratiques s’y côtoyaient. La protection des troupes par la haute société incitera un certain nombre d’auteurs à créer des scénarios pour ces «masques » de cour, ou à intégrer des éléments de ce genre dans leurs pièces (Roméo et Juliette de Shakespeare)

Les auteurs : Pendant près d’un demi-siècle, on joua au moins deux cents auteurs, dont on connaît aujourd’hui six cents pièces. Si beaucoup d’autres textes sont perdus, c’est parce qu’ils n’avaient pas le caractère sacré des œuvres littéraires vouées à l’édition. Souvent, les auteurs travaillent en collaboration et remanient leurs scénarios au cours des répétitions. Les premiers auteurs élisabéthains sont issus des grandes universités d’Oxford et de Cambridge : John Lyly, Robert Greene, George Peele, Thomas Nashe, mais aussi Thomas Kyd (la Tragédie espagnole,), grand imitateur deSénèque, et surtout Christopher Marlowe, le plus illustre prédécesseur de Shakespeare avec quatre grandes pièces : Tamerlan le Grand, la Tragique Histoire du docteur Faust, le Juif de Malte et Édouard II 
Thématique et poétique : Intrigues, crimes, tortures et folie, tels sont les thèmes de prédilection des premiers élisabéthains, dont l’imaginaire sanglant et le goût pour la cruauté sont particulièrement manifestes chez Thomas Kyd et, dans une moindre mesure, chez Marlowe, ainsi que chez Cyril Tourneur et John Webster. Le public, composé essentiellement de bourgeois et d’étudiants, qui partageait la liberté d’esprit des pièces nouvelles – marquées par le refus des idéologies religieuses et des conventions esthétiques –, accueillait avec ferveur les thématiques nouvelles et l’évocation des conflits de la société contemporaine.


A l'image d'une société :L’ensemble des thèmes abordés par les auteurs élisabéthains, qui s’étaient largement inspirés du théâtre de l’Antiquité romaine (en particulier de Sénèque ), ainsi que la violence de certaines scènes (comme l’aveuglement de Gloucester dans le Roi Lear ) étaient d’autant plus appréciés qu’ils exprimaient l’individualisme effréné de l’époque : Marlowe, homosexuel ( XVIe siècle….) qui mourut dans une rixe, est représentatif de ces ex-étudiants qui menaient une vie passionnée, désordonnée, parfois même dangereuse. Loin d’être gratuit, l’imaginaire des auteurs élisabéthains reflète l’instabilité profonde de la société anglaise, les intrigues et les luttes acharnées pour le pouvoir, les crimes des rois (Henri VIII ) et les rivalités féroces, tant au sein de l’aristocratie que de la bourgeoisie.
Ce théâtre, qui frisait souvent le mélodrame et le mauvais goût, revêt une dimension héroïque et sublime, notamment chez John Ford, dont les héros s’opposent à la médiocrité ambiante (Dommage qu’elle soit une putain).
C’est aussi un théâtre de la cruauté pure, qui «sonde les reins et les cœurs » (Artaud), cherchant avec obstination à cerner des phénomènes aussi troublants que le meurtre, l’ambition et les passions (Hamlet).

Ethique Elisabethaine : Sous la menace puritaine, ce théâtre fait éclater le chant du paganisme renaissant. Il clame éperdument l’ivresse de vivre sans autre règle que de demeurer fidèle à l’essence de son être. Poursuivant la pureté à travers le paroxysme, rejetant toute censure, leur orgueilleuse transgression des interdits sociaux ne soumet que plus despotiquement ses héros aux fatalités naturelles. Ils aiment à se dire les artistes de leur vie, ils se prévalent d’une culture exquise, mais ils lisent dans les astres le chiffre de leur destinée !. Dans le sang, dans le crime, dans la folie dans la cruauté, dans la vengeance, dans l’inceste, ils se proclament, tel le Felice de Marston, «parfaitement d’accord avec le bonheur universel. » Aussi bien cet individualisme trop tendu finit par se résoudre en frénésie panique : nulle part la tragédie n’a plus superbement célébré la puissance anarchique de la vie, mais à la limite où la tragédie s’abolit dans l’excès de l’horreur.

jueves, 18 de febrero de 2016

Le XVIIe siècle




Le XVIIe siècle a été pour la littérature française un époque merveilleuse, qui commence à avec Malherbe, Regnier et Guez de Balzac, et, passant par les deux périodes les plus brillantes, celle de la jeunesse ou de Descartes, de Corneille, de Pascal, et de Molière, et celle de la maturité ou de Boileau, de Racine, de La Fontaine, de Sévigné, de Bossuet, et de Bourdaloue, achève sa verte et vigoureuse vieillesse avec La Bruyère, Fénelon, et Massillon.
Première période (1610-1660) 
Le XVIIe siècle n'offre d'abord qu'une confusion extrême : l'âge précédent se prolonge dans celui-ci, et la limite est difficile à marquer. Le XVIIe siècle commence dès 1600 avec Malherbe; par Montchrestien et d'Aubigné, le XVIe siècle s'étend jusqu'à 1620 et même 1630. Dans cette confusion féconde et puissante, où ce qui naît se mêle avec ce qui finit, quelques faits généraux se laissent distinguer. Dans la littérature, comme ailleurs, les passions politiques et religieuses s'amortissent; l'amour de la paix, de l'ordre, de l'unité, impose la monarchie absolue. Un grand courant de libertinage, philosophique et mondain, apparaît, et, en face, un fort mouvement de renaissance catholique, qui trouve d'illustres représentants, particulièrement à Port-Royal
 A l'Hôtel de Rambouillet se constitue une société polie, qui prépare un public et un joug, aux écrivains. L'esprit mondain, se combinant avec l'influence italienne transmise du XVIe siècle et avec l'influence espagnole qui va tout envahir, produit le goût précieux, dont le goût héroïque et le goût burlesque ne sont que des formes extrêmes. Sous cette pression, la littérature s'éloigne du naturel à la recherche du fin, du grand, du bouffon, c'est-à-dire toujours du rare et de l'étonnant. Cependant, l'art classique s'organise peu à peu, sur le double principe de l'observation morale et de la régularité formelle. La philosophie cartésienne opère d'abord comme un auxiliaire de l'art classique et de la religion, en attendant qu'elle aide à les dissoudre : par le goût du vrai, le respect de la logique et de la raison, l'intérêt donné aux choses de l'âme, elle aide l'esprit classique à se dégager du lyrisme et du précieux. Enfin, la langue épurée par Malherbe, nuancée et raffinée par l'effort du monde précieux, achève autant qu'il est possible, de se fixer par le travail réfléchi de l'Académie française, de Vaugelas et des grammairiens. Elle accroît sa richesse intellectuelle en perdant de sa variété pittoresque et de son énergie.
Les genres.  
Dans la poésie agonise l'inspiration lyrique. Malherbe, esprit net et discoureur éloquent, ouvrier excellent de la langue et du vers, est combattu par Théophile, suivi par Racan, tous les deux plus poètes et plus naturels que lui. En Voiture se consomme la transformation du sentiment poétique en esprit précieux. La galanterie fine envahit la poésie. Mais Saint-Amand, tour à tour éperdument fantaisiste ou crûment réaliste, grand peintre de paysages et d'intérieurs, et Scarron, l'auteur du Virgile travesti, qui pour dix ans mit le burlesque à la mode, montrent deux natures diversement originales et puissantes : le premier est plus artiste et moins vulgaire, même en ses grossièretés.
Le roman, après avoir contribué par l'Astré à former l'esprit mondain, n'en est plus que le reflet affaibli : pastoral, non sans poésie, avec d'Urfé, exotique sans pittoresque avec Gomberville, historique sans vérité avec La Calprenède et Mlle de Scudéry, il s'oriente vers la description morale et l'analyse des caractères, sans renoncer aux aventures incroyables et aux sentiments hors nature. Il ne produit, hormis l'Astrée, que des oeuvres interminables et médiocres, oeuvres de mode incapables de survivre à la mode. En face de ce faux idéalisme se pose le roman, qui traduit la réalité commune, réaliste chez Sorel (Francion), burlesque chez Scarron (Roman comique).
Misérable est l'épopée. Malgré les sujets modernes et nationaux, elle n'a rien de national ni de moderne : asservie à l'imitation inintelligente de l'Enéide et de la Jérusalem délivrée écrasée sous les règles, remplaçant le sentiment de la nature par un faux goût décoratif, elle ne produit que des ouvres pédantesques, pompeuses et froides (le P. Lemoyne, Scudéry, Chapelain, Desmarets). 

Au contraire, le théâtre s'organise et donne des chefs-d'oeuvre. Au début, confusion et inégalité, avec Hardy, qui continue à produire. Racan, à défaut de dramatique, met de la poésie dans la pastorale. Vers 1630, le public a pris goût au théâtre, et Rotrou, Du Ryer, Scudéry, Corneille, Tristan apparaissent. Leur aîné, Mairet, apporte les règles des trois unités, qu'il emprunte aux Italiens et donne pour les règles des anciens; Chapelain, puis d'Aubignac l'aident à les imposer. Le triomphe des règles assure celui de la tragédie; la pastorale, puis la tragi-comédie s'éliminent. Rotrou a mis de la fantaisie, du lyrisme dans la folle intrigue tragi-comique; Corneille, dans la tragi-comédie du Cid, découvre la tragédie. Il lui donne sa forme, enfermant, dans une action soigneusement graduée, une étude serrée de la psychologie humaine, et posant l'intérêt dramatique dans le conflit des caractères. Il remplit ses oeuvres d histoire et de politique, et surtout expose sa conception originale de la volonté souveraine, d'où il tire le sublime de son théâtre. Son exemple conduit Rotrou à écrire quelques belles tragédies poétiques et passionnées. La comédie ne se débrouille pas encore : tour à tour précieuse, lyrique, bouffonne, caricaturale, intriguée, elle a peine à se distinguer de la tragi-comédie, de la pastorale et de la farce : Corneille, dans le Menteur, en définit du moins le ton et donne un modèle de dialogue comique.
La prose a été réglée par Balzac, qui coule des lieux communs de morale et de politique dans une large phrase oratoire : sa pensée ne remplit pas sa forme. Descartes, qui a la pensée, n'a pas l'art. Enfin, la forme et l'idée se rejoignent au milieu du siècle dans Pascal. Il apporte aux jansénistes, contre les jésuites, le secours de son génie âpre, fait de méthode et de passion. Les Provinciales par leur logique vigoureuse et leur agrément infini, marquent la perfection de la prose française. Puis, se retournant contre les libertins et mettant au service de sa foi toutes les ressources de l'esprit scientifique et de l'analyse, Pascal prépare une Apologie de la religion chrétienne, dont les fragments, incomplets, obscurs et profonds, d'une inépuisable richesse de pensée et d'une beauté de forme incomparable, fourniront le livre des Pensées.
Deuxième période (1660-1715)
Un grand changement se fait voir après 1660, vers le temps où Louis XIV commence à gouverner par lui-même. Par l'adoration qu'il excite, il absorbe le patriotisme dans le sentiment monarchique, et, par son despotisme jaloux, il éteint l'esprit politique. L'inspiration chrétienne domine et oblige le libertinage à se cacher, jusqu'à ce qu'il reparaisse à la fin du règne sous ses deux formes de débauche élégante et de libre philosophie. La préciosité des ruelles fait place à l'esprit de cour plus simple et plus fin; une nouvelle préciosité de salon renaîtra vers la fin du siècle, combinant la philosophie avec le bel esprit. Mais le grand fait de cette période est que l'art classique achève de s'y organiser : un petit groupe de grands écrivains, réagissant contre l'esprit précieux et dépassant l'esprit de cour, ramène la littérature à la raison, c'est-à-dire à la vérité, à la peinture exacte et simple de la nature. S'affranchissant des influences italiennes et espagnoles, qui s'écartent de la nature, ils vont aux anciens, où ils trouvent la vérité dans la beauté. A cette école qui, autour de Boileau, réunit Racine, La Fontaine, et Molière, se rallient les plus grands des prosateurs : Bossuet, La Bruyère, Fénelon, que leur goût personnel conduit à prendre pour mot d'ordre vérité et Antiquité.
Les genres.  
Dans la poésie, le lyrisme est éteint. La poésie galante et spirituelle, de cour ou de salon, pullule Benserade en est le meilleur représentant avec Mme Deshoulières, et plus tard l'abbé de Chaulieu. La Fontaine, dans ses Fables, se tire hors de la poésie à la mode, et fait tenir dans le petit cadre du genre une riche substance morale, pittoresque et lyrique. Boileau, réaliste un peu vulgaire, moraliste assez banal, dans ses Satires et ses Epîtres, crée la véritable critique, qui est l'application d'une esthétique, et donne dans l'Art poétique les lois de l'art classique.
La comédie se dégage avec Molière. De la farce par laquelle il débute, il tire une comédie de moeurs et de caractère, où le comique puissant enveloppe une conception originale de la vie. La comédie de caractère qu'il a créée meurt avec lui. Regnard, sans observation pénétrante, donne des comédies spirituelles, où la gaieté va jusqu'au lyrisme. Dancourt fait une comédie réaliste, appliquée, sans intention morale, à l'expression de réalités basses. Le Sage, par le ramassé de l'observation et l'énergie de la satire, élève ce genre presque à la hauteur de la comédie de caractère.
Dans la tragédie, la politique de Corneille est délaissée. L'amour s'y substitue comme matière tragique. Quinault offre l'analyse du sentiment tel qu'il peut éclore dans la vie artificielle de la cour. Racine, à l'aide des anciens, remonte à l'amour passionné, et offre d'admirables tableaux poétiques, où l'histoire et la légende, artistement évoquées, encadrent les fureurs et les crimes de l'amour; sans changer la forme tragique que Corneille avait constituée, gardant l'action rapide et l'analyse serrée, il a trouvé dans la passion de l'amour le moyen de rendre à l'oeuvre dramatique le caractère pathétique et touchant que la tragédie française semblait perdre. Mais autour de lui, et après lui, ni ses rivaux, comme Pradon, ni ses disciples, Campistron, Lagrange-Chancel, ne comprennent son art leurs tragédies, froides et fausses, sacrifiant la vérité des sentiments à la nécessité de l'intrigue, montrent la décadence du genre, qui ne semble se relever parfois qu'en inclinant vers le mélodrame et le spectacle.
Dans la prose, le roman se resserre et se raffine avec Mme de La Fayette, dont l'analyse est pénétrante et originale. Puis il évolue, à travers des oeuvres médiocres, mémoires apocryphes et prétendues histoires, vers une peinture plus particulière des moeurs et des milieux, remplaçant peu à peu l'analyse par la sensibilité. Sous le roman héroïque ou noble vit toujours le roman réaliste et satirique avec Furetière, et, tout à la fin du règne, avec Le Sage, qui donne ses premières esquisses de moeurs.
Deux genres neufs se développent, appropriés au goût du siècle pour l'observation morale : les maximes et les portraits. La Rochefoucauld, dans ses Maximes, recherche l'amour-propre de l'homme dans toutes ses actions. Les Pensées, extraites des papiers de Pascal, se présentent comme l'oeuvre d'un profond moraliste chrétien. Enfin, La Bruyère, dans ses Caractères, sans système ni originalité philosophique, étudie et note avec exactitude, dans un style très travaillé et ingénieux, les expressions sensibles du caractère et du sentiment intérieurs.
L'éloquence religieuse manifeste la puissance de l'esprit chrétien avec Bossuet, plus poète et plus philosophe, Bourdaloue, plus exclusivement moraliste et analyste, Fénelon, plus spontané, familier et sensible. Mais le déclin se manifeste dans la rhétorique élégante de Fléchier, puis dans la rhétorique philosophique et sentimentale de Massillon.
Cependant, la vie intense du catholicisme et le talent de quelques ecclésiastiques ont conquis pour un temps à la littérature les provinces de la théologie et de la controverse. Bossuet fait lire au monde les sévères discussions de son Histoire des variations et de ses Avertissements aux protestants. Fénelon et lui l'occupent de leurs aigres et éloquentes polémiques sur le quiétisme. Soumettant l'histoire à la théologie, Bossuet donne le Discours sur l'histoire universelle. Malebranche mêle son catholicisme mystique et l'idéalisme cartésien, et charme le public en inquiétant les théologiens par l'essor hardi de sa pensée.
Si les historiens, les Dupleix, les Mézeray, les Daniel, ne donnent rien que de médiocre, les hommes d'action, les femmes même laissent des mémoires intéressants. La Rochefoucauld, Mlle de Montpensier, Mme de Motteville, Louis XIV même, Mme de La Fayette, Fléchier, Mme de Caylus, sont à lire : le cardinal de Retz les domine tous par la vie de ses récits et la profondeur de ses portraits. Saint-Simon regarde et n'écrit pas encore.


Le talent de la conversation, développé par la vie de société, produit une littérature épistolaire riche et exquise. Parmi les lettres de Racine, de Fénelon, de Bussy-Rabutin, de Saint-Evremond, se distinguent celles de deux femmes, la raisonnable Mme de Maintenon, et surtout la vive, intelligente et ardente Mme de Sévigné, dont la correspondance a pris place parmi les chefs-d'oeuvre du siècle.

Le XVII siècle (video)


Armand Jean du Plessis, cardinal de Richelieu


Le Cardinal de Richelieu, grand protecteur du théâtre (1585-1642)

Richelieu, malgré ses écrasantes fonctions à la tête de l’Etat, est un fou de théâtre et de belles lettres. Il aime les auteurs, les lit, les conseille et les corrige.
Il fonde, en 1635, l’Académie Française, sorte de ‘gouvernement des Lettres » qui défend la pureté de la langue française et préconise la vraisemblancedont, en ce qui concerne le théâtre, la règle des trois unités serait l’instrument.
Il fait construire, dans son Palais Cardinal, une salle de théâtre qui deviendra plus tard (à sa mort en 1642) le Théâtre du Palais Royal où s’installera Molière.
Un proche de Richelieu, l’abbé D’Aubignac, est considéré comme le premiercritique dramatique français. Mieux, le premier théâtrologue. Il édicte clairement la Règle des Trois Unités dans sa ‘Pratique du Théâtre’ (1640-1657). Dans ce recueil, il critique le manque de bons acteurs, le trop grand nombre de mauvaises pièces, les désordres dans la salle et condamne les infamies trop souvent infligées au théâtre.
De même, il préconise : que les comédiens aient un certificat de capacité (qui serait délivré à l’issue d’un ‘stage’ où les élèves auraient étudié la diction et lamise en scène) – projet jamais réalisé, que les pièces des débutants soient examinées et éventuellement modifiées si elles sont jugées mauvaises, que l’accès des salles soit interdit aux laquais et aux pages et que le port d’armes y soit également proscrit ; enfin, il demande une déclaration royale dé-culpabilisante à l’égard du théâtre, des auteurs et des comédiens.
Ces mesures restèrent lettre morte, mais la Déclaration Royale en faveur du théâtre a bien eu lieu en 1641. Inspirée, bien sûr, par Richelieu, elle vise à la fois les textes ‘déshonnêtes’ et les préjugés contre le théâtre : on peut à présent y assister sans péché. Il est solennellement ‘ré- officialisé’. A noter toutefois que les auteurs ne devaient quand même pas ‘se faire remarquer’.

Vers 1630, aussi, les auteurs ne sont généralement plus des comédiens d’une troupe (alors, le comédien ‘auteur’ touchait sa part d’acteur, même s’il n’était pas monté sur scène), mais bien des hommes de lettres, des intellectuels. On les paie assez peu pour leur texte et, s’ils ont du succès, ils ne touchent rien de plus. Pour tirer parti de leur réussite, ils doivent envisager l’édition, la vente de leur œuvre, mais cela signifie que n’importe quelle troupe peut alors s’approprier son texte

miércoles, 17 de febrero de 2016

Marie de Medicis reine de France


Marie de Médicis, née le 26 avril 1573 à Florence, décédée le 3 juillet 1642 à Cologne, Reine de France de 1600 à 1610, reine-mère jusqu’à sa mort en 1642.
Marie est la sixième enfant de François Ier de Médicis (1541-1587), grand-duc de Toscane, et de Jeanne (1548-1578), archiduchesse d’Autriche, fille de Ferdinand Ier du Saint-Empire et d’Anne Jagellon.
Elle épouse le roi Henri IV le 16 décembre 1600 à Lyon. Interprète de ballets, collectionneuse, son mécénat artistique contribue à développer les arts en France. Proche des artistes de sa Florence natale, elle fut formée au dessin par Jacopo Ligozzi.
Elle est mère de :
* Louis XIII, roi de France
* Élisabeth, reine d’Espagne
* Christine, duchesse de Savoie
* Nicolas, le "prince sans nom" (1607-1611)
* Gaston, duc d’Orléans
* Henriette, reine d’Angleterre.
Reine de France
Le mariage de Henri IV avec Marie de Médicis répondait avant tout pour le roi de France à des préoccupations dynastiques et financières. En effet, les Médicis, banquiers créanciers du roi de France, promettent une dot d’un montant total de 600 000 écus d’or, ce qui donna à la reine le surnom de "la grosse banquière".
Son arrivée en France à Marseille, après son mariage florentin par procuration et avant la cérémonie de Lyon, est retentissante. Deux mille personnes constituent sa suite. C’est Antoinette de Pons, marquise de Guercheville et dame d’honneur de la future reine qui est chargée de l’accueillir à Marseille. La marquise avait su si bien résister aux projets galants du roi que celui-ci lui avait dit : "Puisque vous êtes réellement dame d’honneur, vous le serez de la reine ma femme". Il tient parole et la charge d’aller la recevoir à Marseille. Après son débarquement, Marie de Médicis rejoint son époux à Lyon où ils passent leur première nuit de noce.
Marie de Médicis est rapidement enceinte et met au monde le dauphin Louis le 27 septembre 1601 au grand contentement du roi et du royaume qui attendent la naissance d’un dauphin depuis plus de quarante ans. Marie continua son rôle d’épouse et donne à son mari une nombreuse progéniture.
Marie de Médicis ne s’entend pas toujours avec Henri IV. D’un tempérament très jaloux, elle ne supporte pas les aventures féminines de son mari, et les nombreuses indélicatesses de ce dernier à son égard. En effet il l’oblige à côtoyer ses maîtresses, et lui refuse souvent l’argent nécessaire pour régler toutes les dépenses qu’elle entend réaliser pour manifester à tous son rang royal. Des scènes de ménage ont lieu entre les deux époux, suivies de périodes de paix relative. Marie de Médicis tient beaucoup à se faire couronner officiellement reine de France, mais Henri IV, pour diverses raisons, politiques notamment, repousse la cérémonie. Il faut attendre le 13 mai 1610, et la prévision d’une longue absence du roi - Henri IV partant conduire "une promenade armée" pour régler un problème politique entre des princes du Saint-Empire, l’affaire de Clèves et Juliers - pour que la reine soit couronnée en la Basilique Saint-Denis de Saint-Denis et fasse son entrée officielle dans Paris. Le lendemain, le roi est assassiné.
La régente
Lorsque Henri IV meurt le 14 mai 1610, Marie de Médicis assure la régence au nom de son fils, Louis XIII, âgé de seulement 9 ans, beaucoup trop jeune pour régner par lui-même. Marie s’implique dans les affaires politiques de la France. Elle commence par garder les conseillers de son mari. Par la suite, elle s’en sépare. Régente, en position de faiblesse à l’égard de la noblesse du royaume et des voisins européens, elle n’a d’autre choix que de rompre avec la politique de Henri IV, de reconquête de la puissance française, en faisant la paix avec l’Espagne. En 1615, ce rapprochement se concrétise par un double mariage franco-espagnol. Sa fille, Elisabeth, épouse l’infant Philippe IV d’Espagne et son fils, le roi Louis XIII, épouse Anne, infante d’Espagne.
La politique de la reine provoque néanmoins des mécontentements. D’une part, les protestants s’inquiètent du rapprochement de Marie avec Sa Majesté Très Catholique, le roi d’Espagne, Philippe III. D’autre part, Marie de Médicis, tente de renforcer le pouvoir monarchique, à l’aide d’hommes comme Concino Concini, époux de sa sœur de lait, et de dames d’atours comme Leonora Galigaï ce qui déplaît profondément à une certaine partie de la noblesse française. Celle-ci, tentée par la xénophobie, désigne comme responsables les immigrés italiens supposés entourer Marie de Médicis et nuire au royaume de France, en s’enrichissant au préjudice de la noblesse française. Profitant de la faiblesse causée par la régence, des nobles de grandes familles avec le prince de Condé à leur tête, se révoltent contre Marie de Médicis pour obtenir eux aussi des compensations financières.
C’est bien des années après, lorsque Marie de Médicis est exilée par son fils, que naît lentement la légende noire de Marie de Médicis : on parle alors de montée en puissance de ses favoris italiens, du gaspillage financier causé par l’appétit financier de la reine et de son entourage, de la maladresse et la corruption de sa politique qui auraient dominé sous le gouvernement de Marie de Médicis. Par ailleurs, la reine et le roi son fils s’entendent mal. Se sentant humilié par la conduite de sa mère, en 1617, Louis XIII organise un coup d’état en faisant assassiner Concino Concini. Prenant le pouvoir, il exile la reine-mère au château de Blois.
Le retour politique et culturel
En 1619, la reine s’échappe de sa prison et provoque un soulèvement contre le roi son fils ("guerre de la mère et du fils"). Un premier traité, le traité d’Angoulême, négocié parRichelieu, apaise le conflit. Mais la reine-mère n’étant pas satisfaite, relance la guerre en ralliant à sa cause les Grands du royaume ("deuxième guerre de la mère et du fils"). La coalition nobiliaire fut rapidement défaite à la bataille des Ponts-de-Cé par le roi qui pardonne à sa mère et aux princes.
Conscient qu’il ne peut éviter la formation de complots tant que Marie de Médicis reste en exil, le roi accepte son retour à la cour. Elle revint alors à Paris, où elle s’attache à la construction de son Palais du Luxembourg. À la mort de Charles d’Albert, duc de Luynes en 1622, elle effectue peu à peu son retour politique. Richelieu joua un rôle important dans sa réconciliation avec le roi. Il parvint même à faire revenir la reine-mère au Conseil du roi.

A cette époque, Marie de Médicis joue un rôle de mécène très important dans la vie parisienne en commandant de nombreuses peintures, notamment à Guido Reni et surtout à Rubens qu’elle fait venir d’Anvers pour l’exécution d’une galerie de peintures consacrée à sa vie. De nos jours, il subsiste 22 tableaux qui sont conservés au Louvre.